Les différents terroirs des cigares

Il existe de nombreuses variétés de tabacs à travers le monde, avec chacun un arôme différent. Le cigare est avant tout affaire de mélanges, l'assemblage consistant à trouver l'équilibre parfait entre arôme, puissance et combustibilité. Pour cela, les manufacturiers doivent trouver différentes variétés de tabacs afin d'obtenir le goût souhaité, avec deux voire trois feuilles de tabac différentes. Dans cet article, nous vous proposons de décrire les principales nuances existant entre chacun de ces arômes afin de varier les plaisirs.

Pourquoi les cigares ont-il chacun un goût différent ?

Avant toute chose, oubliez l'idée reçue selon laquelle la cape du cigare (la feuille entourant ce dernier) aurait une influence sur le goût final du cigare. Celle-ci est minime et se limite à l'image de marque, car son poids et son épaisseur sont très faibles et il s'agit avant tout d'une question d'esthétique. Traditionnellement, un cigare puissant était identifié par sa cape sombre mais peu à peu celle-ci s'est généralisée à tous les cigares.

Mais alors, de quoi dépend le goût du cigare ? Ce dernier varie principalement en fonction de sa provenance, et ce pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, le tabac est une plante qui absorbe la composition chimique de la terre dans laquelle il est cultivé, ce qui lui confère un goût unique et certaines caractéristiques (douceur ou dureté de la fumée par exemple).

Ensuite, l'arôme d'un cigare dépend du processus de séchage (en plein air dans des hangars ou sous serre par exemple). Ce processus varie selon le fabricant, le pays et la région géographique. Le diamètre du cigare entre également en ligne de compte : plus ce dernier est important, plus il aura un arôme fort. Le briquet, enfin, s'il contient une substance différente du butane, peut influer sur la saveur de la fumée.

Mais l'élément qui joue le plus sur le goût du cigare reste la région géographique : ainsi un cigare jamaïcain aura un goût plus doux qu'un cigare du Honduras. Petit tour d'horizon des nuances entre les différentes régions productrices de cigares.

 

Cuba : le berceau du cigare

Le tabac à cigares le plus répandu est celui de Cuba. La marque la plus vendue dans le monde de Habanos (et non "Havane" si l'on respecte son "appellation d'origine") est Montecristo. Le tabac cubain est considéré comme l'un des meilleurs, avec son goût fort et riche. Plusieurs éléments ont fait la renommée du pays, à commencer par le climat idéal pour la culture du tabac et le savoir-faire hérité des grandes familles d'entrepreneurs qui ont mis en place des processus de récolte, de culture, de maturation et de fabrication.

À cela s'ajoute la force et la solidité des feuilles de tabac cubaines et leur saveur épicée et aromatique. L'essentiel des plants de tabac destinés aux cigares provient des régions de Vuelta Abajo et de Partido. Vuelta Abajo est la terre mythique du cigare dans le monde, à l'image de Bordeaux pour son vin. Localement, la production se répartit en 4 terroirs principaux :

  • Consolacion del Sur pour la culture des feuilles de tabac (sous-capes),
  • Pinar del Rio pour la tripe,
  • San Juan y Martinez pour la production de feuilles de tripe et de sous-cape,
  • San Luis pour les capes.

D'autres régions de Cuba (Oriente, Remedios et Semi-Vuelta) sont dédiées exclusivement à la productions de cigarettes ou de cigares de qualité inférieure.

République dominicaine, Honduras et Nicaragua

Depuis la révolution cubaine de 1949 qui a obligé les cigariers à chercher de nouvelles terres, suivie par l'embargo de 1962, certains pays de la mer des Caraïbes (Nicaragua, Honduras et République dominicaine) ont développé leur propre culture du tabac de haute qualité.

La République dominicaine est deuxième au rang mondial. Le tabac est issu de variétés de graines cubaines, mais son goût moins fort et plus subtil s'explique par ses feuilles de tripe plus légères. Il se décline dans une palette d'arômes plus vaste qu'à Cuba et est fréquemment utilisé pour faire des mélanges, obligeant ainsi les dominicains à importer des tabacs plus forts.

Les principales plantations se trouvent dans le Nord-Ouest du pays (autour des vallées du Cibao et de la Yaque). Ils sont exportés partout dans le monde, principalement aux États-Unis et en Europe de l'ouest.

Au Honduras ou au Nicaragua, la production n'a cessé de se développer depuis la fin de la révolution sandiniste dans les années 1990, autour des régions d'Esteli au Nicaragua et de Danli dans l'est du Honduras. Le tabac a un goût moyen fort et épicé.

Les autres producteurs de tabac

Aux États-Unis, il existe deux grandes variétés de tabac cultivées dans la région du Connecticut :

  • Le Connecticut Shade, dont les feuilles jaune brunâtre très souples produisent une fumée douce à moyenne,
  • Le Connecticut Broadleaf dont les feuilles sont plus sombres et plus nervurées.

Les sous-serres sont recréées artificiellement pour créer les conditions optimales, afin d'obtenir un tabac de qualité, utilisé par la suite dans les cigares de République dominicaine ou de Jamaïque.

L'Équateur propose également des feuilles de tabac de haute qualité, utilisé à la fois pour la charge et pour les capes.

L'Indonésie est la terre d'origine du tabac désigné comme Java ou Sumatra, avec un goût neutre idéal pour les cigares doux.


Ces graines ont ensuite été exportées au Cameroun notamment, réputé pour la qualité de ses feuilles de tabac et utilisées pour les capes pour les charges corsées. Le tabac mexicain est également une variante obtenue à partir d'une graine Sumatra.
La production, localisée dans la vallée de San Andrés (dans l’Etat de Veracruz) y est prolifique car le climat est semblable à celui de Vuelta Abajo mais l'essentiel de la production est vendu à l'intérieur du pays ou aux États-Unis.

Aux Philippines, le tabac est très aromatique et est utilisé dans tous les cigares, mais il a mauvaise réputation en raison de sa trop grande douceur.

Le Venezuela et le Paraguay, qui proposent des tabacs d'une saveur unique et atypique, sont encore peu connus du grand public.

Enfin, la France cultive également son propre tabac à Navarrenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, sous le nom de "Navarre".